Pour la deuxième année consécutive, j’ai passé les deux premières semaines de juin (du 3 au 14, 2024) à m’immerger dans le stage intensif d’été de l’École Omnibus. Mon but? Continuer à bâtir mon « vocabulaire » d’acteur, mais cette fois, avec le corps comme langage principal. Et quel meilleur endroit pour ça que ce lieu dédié au théâtre corporel à Montréal!

Ce qui rend ce stage si spécial, c’est l’équipe pédagogique. Imaginez apprendre directement de Jean Asselin, Denise Boulanger, Sylvie Chartrand, Anne Sabourin et Laurence Castonguay Emery, des artistes qui ont non seulement une expérience immense, mais qui, pour les deux premiers, ont été formés par Étienne Decroux lui-même – le créateur d’une méthode hyper structurée et mondialement reconnue de mime et de théâtre physique. C’est comme toucher du doigt l’histoire de cet art ! En plus, les influences de gens comme Réal Bossé et Sylvie Moreau enrichissent encore la formation. On sent qu’on est entre de bonnes mains, celles de passionnés qui transmettent un savoir précieux.

Le coeur du travail, c’est d’apprendre ce qu’on pourrait appeler la « grammaire » du corps selon Étienne Decroux. Oubliez le mime de rue cliché (popularisé en grande partie par Marcel Marceau, qu’on appelle communément « pantomime »)! Ici, on décortique le mouvement: comment bouger juste une partie du corps, comment lier les gestes pour qu’ils racontent quelque chose, comment jouer avec l’équilibre, le rythme, l’espace. C’est technique, ça demande de la concentration, mais ça permet de découvrir une palette incroyable de possibilités pour s’exprimer physiquement. On apprend à contrôler son corps pour qu’il devienne un outil d’expression ultra précis.

Chaque jour, direction le Studio Z (ZEUGMA DANSE). On commençait souvent par des marches spécifiques, une super façon de se réveiller, de sentir l’espace et de se connecter au groupe avant de plonger dans le vif du sujet. L’ambiance était studieuse mais bienveillante, parfaite pour explorer et oser.

Toute cette technique ne reste pas théorique. On la met tout de suite en pratique grâce à l’improvisation, seul, à deux ou en groupe. Guidés par des thèmes comme l’espace, le temps ou l’identité, on explore comment utiliser ce nouveau langage corporel pour créer des personnages, raconter des histoires sans mots, développer sa présence sur scène et laisser parler son imagination. C’est le moment où la technique devient vivante et personnelle.

Ce que je retiens de la philosophie d’Omnibus et de Decroux, c’est que le corps de l’acteur est essentiel. Avant même les mots, c’est le corps qui porte le jeu, la pensée, l’émotion. Apprendre à le maîtriser, c’est se donner le pouvoir de communiquer de façon incroyablement riche et nuancée, même en silence.

Et ce stage intensif ne s’est pas terminé entre les murs du studio ! Le dernier jour, l’expérience a pris une tournure fascinante avec une représentation pseudo-réaliste en lieu public. C’était l’occasion de tester notre nouveau langage corporel hors du cadre protégé de la salle de répétition, de le confronter au réel, aux passants, à l’imprévu de la ville. Nous avons investi la Place des Spectacles à Montréal, où nous avons réalisé à tour de rôle deux performances ‘pseudo-réalistes’. Le but ? Qu’un (ou des) passant(s) remarque quelque chose d’inhabituel et rentre chez lui le soir-même en disant à sa famille : ‘Tu sais pas qu’essé qu’j’ai vu aujourd’hui…‘. C’était une manière audacieuse et marquante de boucler la boucle de ces deux semaines d’immersion.

Ces deux semaines ont été intenses, exigeantes, mais surtout incroyablement nourrissantes. Je repars avec le sentiment d’avoir réellement ajouté des « mots » – des mouvements, des nuances, des présences – à mon vocabulaire d’acteur. C’est une base solide pour enrichir mon jeu sur scène ou devant la caméra. Une expérience que je recommande à tous ceux qui veulent explorer la puissance expressive du corps! Et que dire de tous ces nouveaux amis artistes que j’ai appris à connaitre! Que de merveilleuses personnes! Que de beaux êtres humains!